La hauteur d’un édifice ne dépend que de la solidité de sa base et de la rigueur apportée à la construction de chaque étage.
Leung Kok Yuen
Leung kok Yuen (1922-2013) est le représentant de la 14ème génération d’une famille de médecins chinois. En 1970 il émigre au Canada et y fonde le «North American College of Acupuncture» à Vancouver. Il est d’ailleurs le détenteur de la toute première licence d’acupuncteur aux Etats-Unis et sera l’un des principaux acteurs du développement et de la reconnaissance de la médecine traditionnelle chinoise en Europe et en Amérique du nord.
Sa méthode d’acupuncture repose en premier lieu sur l’appréciation de l’aspect Shi ou Xu de la maladie. En présence d’un cas Shi nous disperserons les points “Empereurs”. Dans un cas Xu nous tonifierons les points “Empereurs”.
Il faut déterminer le FOYER de la maladie (organe, zone du corps ou méridien) que l’on considère comme son CENTRE. Nous choisirons ensuite des points proches, médians ou distaux de ce CENTRE.
Dans un cas Xu, les points Empereurs sont les Points Proches (PP) que l’on poncture toujours en premier et en tonification.
Les points assistants sont les Points Distaux (PD) et les points ministres sont les Point Médians (PM). Dans un cas Xu , il faut toujours qu’il y ait plus de points proches que de points distaux. Tous les points sont en traités en tonification ou en harmonisation.
Par exemple, en cas de faiblesse des Reins on choisit 23V Shen Shu comme point proche (PP), 4RM Guan Yuan comme point médian et 6Rte San Yin Jiao comme point distal.
Dans un cas Shi, les points Empereurs sont les points distaux (PD) que l’on poncture en premier et en dispersion.
On choisit ensuite des points proches (PP) pour guider l’action des points distaux (PD). Dans un cas Shi, on utilise plus de points distaux que de points proches.
Par exemple, en cas d’atteinte aiguë du Poumon, on poncture 5P Chi Ze, 7P Lie Que comme points distaux (PD), 14DM Da Zhui comme point médian (PM) et 13V Fei Shu comme point proche (PP).
La dispersion demande, en général, plus de points que la tonification, car la périphérie est plus grande que le centre.
En cas d’affections aiguës, les points des extrémités sont des points d’urgence. Par exemple 11P SHAOSHANG en cas d’amygdalite, de coup de chaleur, de fièvre. 1F DADUN en cas de règles hémorragiques, 1R YONGQUAN pour réanimer, 67V ZHIYIN en cas d’accouchement difficile.
Organe ou zone du corps | PP | PM | PD |
Poumon | 13V Fei Shu 1P Zhong Fu | 14DM Da Zhui | 5P Chi Ze 7P Lie Que |
Cœur, Péricarde | 15V Xin Shu 38V Fu Xi 14RM Ju Que | 14DM Da Zhui aspect Yang (Qi) 17V Ge Shu aspect Yin (Sang) | 3C Shao Hai 5C Tong Li |
GI, IG | 25V Da Chang Shu 27V Xiao Chang Shu 25E Tian Shu | 23V Shen Shu | 36E Zu San Li 57V Cheng San |
Rate | 20V Pi Shu 13F Zhang Men | 17V Ge Shu | 36E Zu San Li 6Pc Nei Guan |
Estomac | 21V Wei Shu 12RM Zhong Wan | 17V Ge Shu | 36E Zu San Li 6Pc Nei Guan 44E Nei Ting |
Reins | 23V Shen Shu 25VB Jing Men | 4DM Ming Men | 6Rte San Yin Jiao 9Rte Yin Ling Quan |
Vessie | 28V Pang Guang Sh 3RM Zhong Ji | 23V Shen Shu | 6R Zhao Hai 9Rte Yin Ling Quan |
Foie | 18V Gan Shu 14F Qi Men | 17V Ge Shu | 6TR Zhi Gou 3F Tai Chong 34VB Yang Ling Quan |
VB | 19V Dan Shu 24VB Ri Yue | 17V Ge Shu | 6TR Zhi Gou 3F Tai Chong 34VB Yang Ling Quan |
Organes génitaux | 4RM Guan Yuan 29E Gui Lai | 32V Ci Liao | 6Rte San Yin Jiao 9Rte Yin Ling Quan |
Tête | 20DM Bai Hui 8E Tou Wei | 20VB Feng Chi | 4GI He Gu 11GI Qu Chi |
Yeux | 1V Jing Ming 2V Zan Zhu 18V Gan Shu | 20VB Feng Chi | 4GI He Gu 11GI Qu Chi |
Bouche | 4E Di Cang 6E Jia Che | 20VB Feng Chi | 4GI He Gu 11GI Qu Chi |
Nez | 20GI Ying Xiang 23DM Shang Xing 12V Feng Men | 20VB Feng Chi | 4GI He Gu 11GI Qu Chi |
Oreilles | 17TR Yi Feng 19IG Ting Gong 23V Shen Shu | 20VB Feng Chi | 4GI He Gu 11GI Qu Chi |
Cou, nuque | 14DM Da Zhui 21VB Jian Jing | 20VB Feng Chi | 7P Lie Que 11GI Qu Chi |
Poitrine | 1P Zhong Fu 18E Ru Gen | 14DM Da Zhui | 6Pc Nei Guan 11GI Qu Chi |
Flancs | 13F Zhang Men 14F Qi Men | 17V Ge Shu | 6TR Zhi Gou 34VB Yang Ling Quan |
Haut du dos et dorsales | 18V Gan Shu 43V Gao Huang Shu | 14DM Da Zhui | 40V Wei Zhong 11GI Qu Chi |
Lombes | 32V Ci Liao 4DM Ming Men | 23V Shen Shu | 40V Wei Zhong 34VB Yang Ling Quan |
LES CONSEILS DU PROFESSEUR LEUNG KOK YUEN
Il faut d’abord, choisir un maître (ou une école) avec lequel on devra suivre un enseignement complet. Durant cette période il faut essayer « d’oublier ce que l’on a appris avant » afin d’éviter d’établir en permanence des comparaisons et de bloquer son esprit sur d’apparentes contradictions qui ne feraient que limiter votre apprentissage. Il est important de suivre pas à pas l’enseignement dispensé avec une grande régularité. L’idéal est d’étudier et de pratiquer chaque jour. Au début la prise de notes est essentielle. Il faut en prendre beaucoup, les comparer avec celles d’autres étudiants, les remettre au propre. Cela permet de soulever les points manquant de clarté et d’apporter les éclaircissements nécessaires d’un séminaire sur l’autre.
Ce sont les incertitudes, les questions, les répétitions qui permettent d’avancer.
La bibliographie conseillée par votre professeur n’est qu’un support à l’étude théorique. La médecine est avant tout une discipline pratique.
Évitez de trop lire ! Il existe de très nombreux ouvrages sur la médecine chinoise et la comparaison de toutes les théories, de toutes les interprétations, aboutit souvent à des contradictions qui ne font qu’embrouiller l’esprit.
La bonne assimilation des données fondamentales est bien plus importante que la surenchère intellectuelle. Une fois l’expérience constituée il sera possible de faire des lectures plus sélectives. Un livre sur cinquante vaut vraiment la peine d’être lu. Les acquis de l’enseignement permettront de juger, de comparer, de distinguer le vrai du faux, l’absolu du relatif. Il sera alors possible de suivre d’autres praticiens, de faire d’autres séminaires et même de reprendre une autre formation à zéro si nécessaire.
L’important est de toujours faire une chose à la fois et avec un engagement total.
Ne soyez pas pressé de devenir un grand praticien. Pour être un bon médecin, il faut avoir pris le temps de digérer les connaissances et de laisser mûrir son expérience. Tout cela prend du temps. La hâte est une maladie typiquement occidentale. On ne peut pas apprendre « l’acupuncture en trois semaines ».
Pour que le médecin puisse être l’instrument de la guérison des autres, il doit être en parfaite santé tant sur le plan physique que psychologique. Il faut être sur la berge pour tirer quelqu’un hors de l’eau. A cet effet, il est fortement conseillé aux étudiants de pratiquer régulièrement une forme de méditation ou des exercices de relaxation, afin d’augmenter leurs potentialités et d’éclaircir leur esprit et leur jugement. Les méthodes les plus simples sont les meilleures. Il existe des exercices pour assouplir les mains, développer la sensibilité, ce qui est utile pour la prise des pouls et l’acupuncture. La pratique du Tai Ji Quan ou du Qi Gong peut être très bénéfique.
Ne proposez jamais vos services et ne jamais chercher à convaincre des malades de se faire soigner par vous. Il est toujours préférable que ce soit le patient qui fasse la démarche vers le thérapeute. Ne pratiquez pas de « médecine foraine » car cela discrédite votre travail et ne permet pas d’obtenir de bons résultats.
Pour soigner des gens, il faut garder un esprit de débutant et continuer à étudier d’une manière ou d’une autre. Cette médecine est vivante et chaque malade est un nouveau professeur. Il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre, à comprendre, à intégrer.